Homme et femme, l'altérité fondatrice

L'irréductible dissymétrie entre le génie féminin et le génie masculin, source inépuisable de signification, constitue sans doute l'une des énigmes humaines les plus difficiles à déchiffrer. La sexualité serait dès lors réinventable, au gré des caprices et des hésitations d'un sexe devenu incertain. Paradoxalement, la différence entre l'homme et la femme s'impose dans son évidence simple, immédiate, charnelle. Elle est ce qui de la personne se voit en premier, mais sa signification ultime échappe à toute emprise totalisante. Énigme insaisissable, elle ne se réduit ni à son inscription charnelle (sexe anatomique) ni à sa construction sociale et culturelle (genre). Le naturalisme et le constructivisme s'avèrent impuissants à rendre compte du sens du sexe qui concerne le tout de la personne. Insaisissable par concept, la différence se donne pourtant à vivre dans le vif de la chair. Elle se donne à entendre, s'offrant à un déchiffrement. Indice de transcendance, cette irréductible dissymétrie révèle au cœur de l'humain une structure relationnelle fondamentale d'altérité. Brèche dans la toute-puissance de la représentation, elle résiste à la personne qui risque de s'enfermer dans l'image qu'elle se fait d'elle-même. Ultimement, elle s'ordonne à la communion des personnes, qui s'origine – d'après une vision chrétienne – dans le mystère d'une insondable communion trinitaire. La tradition personnaliste judéo-chrétienne, parfois encore accusée de cultiver une mentalité naturaliste, un patriarcat machiste et misogyne, un mépris du corps et de la sexualité, fournit en réalité, au prix d'un exposé ajusté et d'un accueil renouvelé, des clés fondamentales qui éclairent puissamment l'énigme de l'altérité des sexes.

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The implacable dissymmetry between the male and female spirit, an inexhaustible source of meaning, probably constitutes one of the most opaque human enigmas. Paradoxically, the difference between man and woman is simply, immediately and physically obvious. It is that aspect of a person which first strikes us, yet its ultimate signification escapes inclusive appropriation. An authentic enigma, it cannot be reduced to its carnal manifestation (the anatomical sex) or its social and cultural construction (gender). Naturalism and constructivism prove powerless to explain the meaning of sex inasmuch as it concerns the whole person. Indiscernible as a concept, the difference is experienced sharply and carnally. It can be perceived, inviting our understanding. A clue to transcendence, the dissymmetry reveals, at the heart of the human being, a fundamental relational structure of otherness. A weakness in the all-powerfulness of representation, it resists those who take the risk of confining themselves within its image. Ultimately, it takes its place at the communion of beings, whose origin – according to the Christian vision – lies in the mystery of an unfathomable Trinitarian communion. The personalist Judeo-Christian tradition - sometimes still accused of cultivating a naturalist mentality, a chauvinist and misogynous patriarchate and disdain for the body and sexuality - in reality provides, with adapted discourse and renewed reception, the fundamental keys that open our understanding to the enigma of the two sexes and their otherness.