Grégoire le Grand, Hagiographe

En Italie, à la fin du VIe siècle, le temps des martyrs est passé. La nouvelle ère de paix amène le pape Grégoire à réfléchir sur les « nouveaux saints » et à faire œuvre d'hagiographe. Dans ses « Dialogues » il expose de façon vive et animée – ce n'est pas par hasard qu'il a choisi cette forme littéraire – tout un enseignement moral, théologique et apologétique : ce livre, loin d'être mineur, pourrait bien être la clé de l'œuvre littéraire et pastorale du pontife. Le projet hagiographique de Grégoire s'ouvre « en direction d'une société qui verra dans le saint le médiateur privilégié entre l'homme et Dieu, le fondement de la christianisation de terres nouvelles, le garant de la continuité des Églises et des monastères, le véritable titulaire du prestige et du pouvoir inhérents à toute institution. Le saint sera aussi le protagoniste d'une civilisation qui reconnaîtra ses aspirations spirituelles dans la sainteté et qui cherchera dans le saint aide et protection face à la mort, aux maladies et à tout ce qui peut menacer son existence même. » En réunissant dans cet ouvrage le fruit d'années de recherches et d'échanges avec ses confrères universitaires sur la vie religieuse, quotidienne et culturelle de l'époque de Grégoire le Grand, Sofia Boesch Gajano se positionne résolument dans le courant de redécouverte du pape Grégoire et de réhabilitation des « Dialogues » : Grégoire et son œuvre occupent une place charnière dans l'histoire de l'hagiographie et dans l'histoire religieuse de l'Occident médiéval.