Prédication et sacrements

Qu’est-ce que prêcher ? Quel statut revêt la parole prononcée par un homme dans un cadre liturgique ? Est-ce un simple enseignement ou une parole d’une certaine façon adressée par Dieu aux fidèles ? Et en quoi une prédication serait-elle efficace ?
Pour répondre à ces questions, la prédication est parfois comparée aux sacrements de l’Église catholique. D’un côté comme de l’autre, Dieu se donne lui-même à travers des médiations humaines, visibles ou audibles. Dans les deux cas, les effets touchent au coeur de l’être humain, non seulement instruit, mais également illuminé, sauvé, guéri.
Ce parallèle n’est pas nouveau : avant d’être déployé dans la prédication baroque avec la fameuse comparaison de « la chaire et de l’autel », il émerge chez des auteurs aussi anciens qu’Origène, Jérôme ou Jean Chrysostome ; chez de grands docteurs comme Augustin, Bernard et Bonaventure ; en Orient comme en Occident. On le retrouve dans les préparations au baptême du ve siècle, dans les vies de saints du viiie siècle et plus tard chez un grand prédicateur et universitaire parisien comme Jean Gerson.
Mais qu’est-ce qui est comparé exactement ? Dans cet ouvrage, des spécialistes explorent cette comparaison : sur une période qui s’étend du iiie au xviie siècle, ils analysent les affirmations et les images qui la soutiennent. Cette enquête historique ouvre un chemin pour penser à nouveaux frais la nature et le sens de la prédication dans les Églises d’aujourd’hui.
Pierre Molinié, jésuite, enseigne l’histoire ancienne et la théologie au Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris. Passionné par les Pères de l’Église, spécialiste de Jean Chrysostome, ses recherches portent notamment sur les rapports entre exégèse et prédication.
Marie Pauliat, normalienne, agrégée, enseigne à Louvain l’exégèse de saint Augustin. Elle étudie les commentaires bibliques et les contextes de prédication dans la littérature latine tardive. Elle collabore avec l’Institut d’études augustiniennes (Paris), les Sources chrétiennes (Lyon) et les revues Augustinianum (Rome) et Augustiniana (Louvain).