Des sociétés de vie évangélique, une utopie?

Depuis une cinquantaine d’années, des fidèles ? laïcs célibataires et mariés, évêques et prêtres ? vivent une nouvelle forme de consécration contemplative et active au coeur du monde, sans vie commune mais dans la communion des états de vie. Ensemble, ils s’engagent à suivre du plus près possible le Christ, dans le don total et sans retour de tout leur être à Dieu et l’humble service de tout homme, par un chemin de prière et contemplation, chasteté et accueil, pauvreté et partage, obéissance et disponibilité, communion et vie fraternelle. Le Code de droit canonique ne leur propose actuellement qu’un statut d’association de fidèles. En effet, les normes de la vie consacrée comportent une obligation de continence parfaite, ce qui exclut les personnes mariées. Et l’Église n’envisage pas d’instituts mixtes regroupant des hommes, des femmes, des clercs et des laïcs. En réponse aux défis de notre temps, l’urgence de la mission appelle l’Église à des présences innovantes sur les périphéries et nouvelles frontières de l’évangélisation et du service de tout homme. Aux côtés des formes traditionnelles de vie consacrée, la création de « sociétés de vie évangélique » ouvrirait un chemin nouveau de vie évangélique comme visage d’une Église « en sortie ». Mariée, mère et grand-mère, Élisabeth Algier-Girault a exercé des fonctions de magistrat pendant trente-sept années. Elle a été responsable générale de la Société de vie évangélique du Coeur de Jésus de 2002 à 2014. Docteur en droit canonique (université de Strasbourg), elle est actuellement juge à l’offi cialité interdiocésaine de Rennes.