Littérature talmudique et débat secret avec le christianisme

Postface de Dan Jaffé

Littérature talmudique et débat secret avec le christianisme est un ouvrage singulier aux multiples facettes. L’approche est holistique : la sémantique d’un vocable, sa graphie, la formulation d’une idée analogue entre deux récits, tout cela est matière à analyse. À partir d’une plongée dans l’univers talmudique et midrashique, David Brezis décèle les aspects polémiques ou discursifs propres à l’élaboration du judaïsme rabbinique en dialogue avec le christianisme. Le non-dit du texte et surtout la capacité infinie de son lecteur à le commenter procèdent d’une démarche de totale intertextualité. David Brezis emprunte des grilles de lecture issues de grands courants philosophiques contemporains, notamment derridiens. Qu’on ne s’y trompe pas : il ne s’agit pas de faire une énième philosophie du Talmud mais plutôt d’y lire certaines séquences à l’aide de schémas mentaux empruntés à la sagesse philosophique. L’ouvrage se focalise sur de nombreux récits talmudiques censés polémiquer avec des épisodes de la littérature chrétienne primitive. Cependant il n’est plus seulement question de polémiques, mais de facteurs d’emprunts, d’analogies, de modes de pensées ou encore de cheminements intellectuels et de relations symboliques. David Brezis innove en prétendant par exemple qu’en certaines occurrences c’est le judaïsme rabbinique qui s’est imprégné et a été influencé par les récits chrétiens.

Chercheur au CNRS en philosophie contemporaine et grand connaisseur du Talmud et des origines du christianisme, David Brezis est décédé en octobre 2020. Cet ouvrage posthume est le fruit de sa propre traduction de la version hébraïque originelle. Il a également publié en hébreu en 2015 Entre la grâce et l’extrémisme religieux. Tendances anti-radicales dans la pensée talmudique aux Presses de l’université Bar-Ilan. Ce dernier ouvrage ainsi que Littérature talmudique et débat secret avec le christianisme bénéficièrent d’un accueil des plus favorables parmi la critique.