La Portée de l'Église des Apôtres pour l'Église d'aujourd'hui

« Ce qui est décisif pour la question de l'unité chrétienne, c'est la question de Jésus-Christ comme futur commun des chrétiens et de leurs Églises aujourd'hui divisées. Ce futur du Christ ne nous est ouvert, il est vrai, que par son histoire passée, par la mission des Apôtres issue d'elle et par la foi de son Église orientée vers ce futur. Mais précisément le passé commun des chrétiens ne peut montrer aujourd'hui le chemin vers une nouvelle communion et une nouvelle unité que dans la mesure où dans ce passé il s'agit du futur de l'Église et du monde. À partir de là, l'histoire des divisions entre chrétiens apparaît dans une nouvelle lumière. À partir du futur commun de l'unique Seigneur, l'histoire déchirée des Églises doit devenir notre passé commun, pendant que le particularisme des prises de conscience confessionnelles doit, à l'inverse, soupçonner ce qui divise dans ce qui est commun. Là où on se croit divisé dans les éléments fondamentaux de la foi, la communion ne peut être qu'apparente et l'apparente communion ne peut que couvrir des oppositions plus profondes(...) C'est seulement quand chaque Église acceptera comme faisant partie de sa propre histoire l'histoire des autres Églises, qu'elle considérait jusque-là comme hérétiques, que, en se référant au passé commun des Églises séparées, on sera libéré de la controverse pour savoir quelle partie est réellement en droit de se réclamer de l'antiquité chrétienne et de l'époque des Apôtres, et de se considérer comme l'héritière authentique de ce passé. Cette controverse pour s'attribuer l'héritage des origines chrétiennes ne peut cesser que si on a trouvé, dans les conflits de l'histoire de l'Église et dans le développement séparé de la chrétienté divisée, l'unité du Christ crucifié dont l'histoire de l'Église continue les souffrances par ses déchirures, qui ne peuvent être réparées et surmontées que par la foi dans le futur de l'unique Seigneur ressuscité. » [Wolfhart Pannenberg]